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Le stade de la Mosson : La fin du rêve, le début de la réalité

Après une décennie de promesses vaines, le MHSC renonce enfin à sa chimère. Laurent Nicollin a craché le morceau ce mercredi à la Mosson : pas de nouveau stade. Juste une rénovation. Un coup de réalité que beaucoup attendaient.


Le stade de la Mosson/ Paul Aimé
Le stade de la Mosson/ Paul Aimé

C'est fini. Les rêves d'une enceinte flambant neuve aux portes de Montpellier, c'est terminé. Mercredi 1er octobre 2025, Laurent Nicollin a lâché les mots qui mettent fin à une saga initiée en 2016 : « Trop compliqué financièrement, trop cher pour les collectivités. Quand tu ne peux t'acheter qu'une baguette, tu n'en achètes pas quatre. »


Dix années de promesses creuses. Dix années durant lesquelles le MHSC a promis à ses supporters un stade rutilant, propriété exclusive du club, taillé sur mesure pour les ambitions d'une Ligue 1. Du projet initial de 240 millions d'euros financés 100% par le privé aux différents emplacements envisagés (Pérols, Odysseum, près de l'aéroport, dans le parc des expositions), le club avait toujours une nouvelle localisation sous le coude, une nouvelle promesse à faire. Rien ne s'est jamais concrétisé.


Un stade maudit par l'eau


Construit en 1972 au cœur du quartier de la Paillade, le stade doit son surnom pittoresque de « marmite du diable » à la ferveur de ses supporters pailladins. Mais ce surnom cache une réalité bien moins romantique : situé en zone inondable, l'enceinte s'inonde avec une régularité qui aurait dû depuis longtemps sonner l'alarme.


En octobre 2014, deux inondations massives en l'espace d'une semaine ont dévasté le stade. Trois mètres d'eau ont envahi les gradins, noyé les vestiaires, transformé la pelouse en mare. Le spectacle de désolation avait choqué. Rolland Courbis, entraîneur de l'époque, avait tancé le problème sans détour : « Peut-être fallait-il que ça se produise deux fois en huit jours pour qu'on comprenne qu'il faut trouver autre chose que des portes anti-inondations qui ne fonctionnent pas. »


Le stade de la Mosson, lui, ne rêve pas. Il ruisselle.


Le pragmatisme de survie


La Mosson reste donc debout parce que les financements pour en construire une autre se sont avérés insolublement complexes. Parce qu'une collectivité en France ne peut pas mettre 400 millions d'euros sur un stade quand 180 millions suffisent à rénover l'existant.

Parce que le secteur privé, même avec les promesses dorées du groupe Nicollin, n'a jamais trouvé d'équation financière viable. La réalité économique a écrasé les rêves architecturaux.


Laurent Nicollin et Michaël Delafosse se tiennent sur le parvis du même stade pour annoncer qu'on y reste. La décision s'appelle rénovation ambitieuse. Elle ressemble surtout à un pragmatisme de survie.


Plus de 15 000 m² seront consacrés aux commerces, bars et espaces conviviaux. Les tribunes devraient être partiellement couvertes pour protéger les supporters de la pluie. Un parking-relais connecté au tramway facilitera l'accès. Des études hydrauliques approfondies vont enfin s'intéresser aux risques d'inondation.


En résumé : on va repeindre la façade et améliorer le confort de ceux qui viennent regarder des matchs. Rien de visionnaire. Rien de transformateur. Juste du correctif obligatoire.


Un stade qui meurt à petit feu


Pendant ce temps, la Mosson vieillit. Ses derniers grands travaux datent de 1998. Elle accueille un MHSC qui vient de redescendre en Ligue 2. Les tribunes Aigoual se fermeront cette saison par manque de spectateurs ce qui ramène la capacité du stade à 22 000 places. C'est le stade qui se rétracte au rythme des déceptions du club. Ses murs pleurent l'eau de la Mosson. Ses tribunes se vident. Ses promesses s'envolent.


Michaël Delafosse jure qu'un musée Louis Nicollin verra le jour pour compenser. Comme si la nostalgie pouvait suffire. Comme si ériger un mausolée au fondateur du club pouvait guérir la blessure d'un stade condamné à rester branlant dans son lit de rivière.


Irrémédiablement français


Il y a quelque chose d'irrémédiablement français dans cette histoire. Dix ans à vendre du rêve à un public fatigué, puis, lorsque la réalité bancale apparaît enfin, annoncer qu'on va juste remettre à neuf. Aucune grâce, aucune magie. Un coup de peinture et des promesses de confort accru.


La Mosson ne changera pas de drap. Elle sera juste un peu moins humide.

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